Philippe Boyer
J’ai découvert la photographie argentique à l’adolescence...et c’est la révélation ; c’est reporter que je voudrais devenir.
Mes premiers petits salaires d’étudiant me servent à acheter un reflex et un 50mm.
J’en use et, parfois en abuse, comme si tout ce qui s'offre à mon regard mérite d'être fixé sur la pellicule. Le labo noir et blanc devient un lieu d'intimité excitant où se révèlent des images de qualité erratique. Les livres spécialisés sont pour moi une mine inépuisable pour saisir les règles de composition et de cadrage. L'appareil photo devient vite mon compagnon idéal pour témoigner en images des soirées et autres réunions familiales.
Plaisir de fixer l’instant, et plaisir d’offrir les meilleurs tirages.
L'amateur que je me considère toujours a, bien sûr, envisagé d’en faire un métier, mais j’ai vite tourné la page découragé par un entourage pusillanime. La photo restera donc une activité ludique.
L'arrivée du numérique me rend sceptique. Que deviennent les bons moments à jouer avec le posemètre, l'hyperfocale, à pousser les ASA et à retenir son souffle quand la feuille sort du fixateur ?
Je range mon sac photo quelques temps avant d'accepter cette évolution.
Aujourd'hui, le plaisir de capturer une bonne image a changé de forme et requiert des logiciels mais je demeure bel et bien là ! Les errances, en solitaire de préférence, en ville, à la campagne ou en voyage sont des moments d'équanimité.
Contrastes, lignes, perspectives, graphisme, situations insolites retiennent spontanément mon attention.